10 mars, 2008

Greenpeace dénonce un transport maritime de plutonium vers la France

L'affaire aurait dû rester secrète, mais Greenpeace a vendu la mèche : dans la nuit du 17 au 18 mars, une cargaison de plutonium serait attendue à Cherbourg (Manche), en provenance du centre nucléaire de Sellafield (nord-ouest de l'Angleterre) et à destination de l'usine Areva de La Hague. La livraison serait effectuée par un ancien ferry, l'Atlantic-Osprey, un bâtiment modifié pour le transport de combustible nucléaire irradié (classé INF 2), mais ne disposant ni d'armes de défense propres, ni de double coque, ni d'une seconde motorisation, croit savoir l'organisation écologiste.

Celle-ci se dit surprise que l'Autorité de démantèlement nucléaire britannique, qui gère le site de Sellafield, n'ait pas envisagé d'utiliser des vaisseaux mieux armés. Elle en avait employé naguère pour des transports de combustible nucléaire moins toxiques et moins tentants pour des organisations terroristes que ne l'est la poudre de plutonium.

Pour l'heure, ni Areva, destinataire présumé de la cargaison, ni le haut fonctionnaire de la défense auprès du ministère de l'industrie, chargé de la sécurité de ce type de transport, ne confirment ou n'infirment la réalité d'une telle livraison, étant "tenus au secret pour des raisons de sécurité".

A Greenpeace, Yannick Rousselet affirme détenir des copies de documents officiels mentionnant la livraison de plutonium à la France. "Il est prévu de transporter 1,3 tonne, probablement en plusieurs rotations", dit-il. Ce plutonium serait destiné à la fabrication de MOX, un combustible mêlant uranium et plutonium, que l'usine de Sellafield s'est montrée incapable de produire en quantité suffisante. L'unité anglaise, qui a coûté plus de 600 millions d'euros, n'a fabriqué que 5,3 tonnes en cinq ans de fonctionnement, au lieu des 120 tonnes annuelles prévues. Forcés de se tourner vers leur concurrent, Areva, pour sous-traiter leurs contrats, les responsables de Sellafield sont désormais contraints de lui livrer le plutonium correspondant.

Outre-Manche, où The Independent On Sunday a titré sur une "menace de bombe sale", l'affaire pourrait prendre un tour politique : l'opposition voit dans ce transport de plutonium "un risque pour la sécurité nationale".

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